Y'a comme un pattern quand même, je note que je reviens écrire en hiver chaque année. Et comme je l'ai remarqué depuis longtemps, c'est souvent pour me soulager des mêmes choses. Très certainement ce que je n'arrive pas à dire à haute voix.
Je pense à tout ces amis que je me suis fait et que j'ai arrêté de voir très rapidement. En fait je pense régulièrement à eux, j'ai envie de les contacter, et cette impression de gêner revient me hanter. "Ils ne pensent pas à toi", "Ils t'en veulent de ne pas avoir gardé contact"... Faut savoir, c'est l'un ou l'autre?
Ou la troisième solution, que je pense à eux uniquement parce que j'aimerai qu'ils pensent à moi, pour être vivant dans les têtes (même si c'est cramé dans les fnacs)
Tout ça à cause d'une chronique à la radio sur les Doors qui m'a rappelé un ami fan du groupe que j'ai rencontré à mon premier jour de fac, puis que je n'ai plus vu les années d'après, simplement parce qu'on ne prenait pas deux minutes pour s'appeler.
Je ne suis pas un très bon ami. J'oublie quand quelqu'un me dit qu'il sera dans les parages à telle date. J'oublie quand j'essaie d'organiser quelque chose et miraculeusement pour une fois j'avais des intéressés. Certainement parce que les fois où je n'oublie pas, je ne pense qu'à ces plans fébrilement et ils tombent à l'eau. Je n'arrive pas à garder contact, notre proximité et omniprésence virtuelle nous éloigne sans cesse. Cela me rappelle toujours que lorsqu'on a déménagé dans la même ville que mes grands-parents, nous nous sommes vus beaucoup moins régulièrement. (Anecdote sans rapport mais illustrant mon propos.)

Ce fut un hiver bizarre, un Noël étrange sans Mr Jack. Je me demande si je ne fais pas une petite dépression, une vraie d'adulte. C'est le problème à être un grand, on ne peut plus compter sur ses amis pour aller voir son blog régulièrement pour voir si ça va, parce que plus personne ne tient de blog et règle ou fuit ses problèmes chacun de son côté.

Est-ce que je continue dans le thème "ce que je devrais dire à un psy plutôt qu'à un blog que personne ne lit?" J'ai quelques autres trucs qui me travaillent; le plus gros c'est ce qui me fout down depuis que j'ai 14 ans, et qui ne fait qu'empirer puisque je n'ai toujours pas travaillé sur le sujet (c'est marrant j'ai déjà utilisé deux fois le terme dans ce début de phrase): je ne sais pas quoi faire de ma vie (TRAVAIL). J'ai fait des études de bio dans l'espoir de ne pas finir dans un bureau, mais je n'ai pas assez bien travaillé mon portfolio de contact ni mon cursus scolaire pour pouvoir y échapper, et me voici dans un bureau comme développeur, alors que je n'ai jamais été passionné de programmation. Je suis donc dans un domaine où je n'ai pas la motivation de devenir meilleur et je plafonne depuis un moment. Je me lève sans autre enthousiasme que d'avoir une paie à la fin du mois et un week-end à la fin de la semaine, ce que je m'étais juré d'éviter toute ma vie. Et comme un bon mouton, après avoir goûté au confort d'un salaire pourtant pas très élevé, je suis paralysé de trouille à l'idée de quitter ce taf pour essayer de faire quelque chose qui me plaît, comme de la musique, de la radio, du théâtre, bref de l'art. Je ne prends de toute façon pas le temps d'explorer ces passions et ne sais donc même pas si celles ci ne finiraient pas par me lasser, comme la majorité des choses que j'entreprends. J'ai l'impression d'être condamné à ne faire que débuter dans différents domaines toute ma vie, et me retrouver incapable d'avoir de vraies compétences dans aucun.
Je n'ai pas non plus envie d'apporter inconfort et instabilité au rayon de soleil qui partage ma vie, parce qu'on n'exclue pas de devenir une famille dans un avenir flou, mais là aussi nous avons l'impression de devoir vivre encore tellement de choses avant de pouvoir se poser. Donc on transite entre plusieurs rêves et projets sans jamais réussir à se décider clairement pour quelque chose. D'un autre côté, je n'ai pas l'impression d'être un modèle de stabilité, surtout dans ce job et en ce moment.

Alors quoi? Je retourne le problème dans ma tête jour et nuit et dès que je trouve un semblant de solution, la peur et la paresse me la rende inaccessible. Je ne suis peut-être qu'un putain de entitled millenial qui attends que la solution lui tombe dessus enroulée dans du bacon. Mais je n'ai déjà pas la force de diriger ma vie, alors trancher des décisions pour notre couple me semble hors de portée. Je sais que ce n'est qu'une question de volonté et d'engagement, mais ce monde est si absurde et changeant que je n'y vois pas de place. Je sais que ce n'est qu'une farce, je vois mes amis désabusés qui ne veulent pas se faire niquer et qui n'ont donc d'autres choix (à leurs yeux) que de niquer des gens pour s'en sortir. Ce que je fais aussi d'une certaine manière; niquer des gens pour moi ça peut vouloir dire quelque chose d'aussi simple que d'être dans une grande entreprise. Je n'ai pas envie de faire partie de ces faux-semblants, de cet endroit étrange où celui qui produit vraiment voit ses compétences vendues par un attirail de managers, de RH et de commerciaux qui gagnerons toujours plus que lui alors qu'ils ne créent rien.
Mais je n'ai pas non plus envie d'être de ceux qui se privent, et je constate que les solutions médianes entre ces deux extrêmes s'estompent. La "classe moyenne" n'existe plus, il faut être pauvre ou riche, et ni l'un ni l'autre ne m'attirent.

Je vais conclure par cette phrase qui devait être un début de chanson et qui, comme presque toutes mes créations, est restée inachevée:

If you wanna make millions, you're what's wrong with this world